Halilhodzic : " Objectif Coupe du Monde "

Cafonline.com : Votre large victoire face au Malawi vous place en tête de votre groupe après la première journée d’éliminatoires. En êtes-vous satisfait ?

Vahid Halilhodzic : Avant de répondre à votre question, j’aimerais exprimer combien, les joueurs et moi, nous avons été affectés par le drame qui s’est produit au stade le jour du match. Personne ne peut rester indifférent face à ce genre d’évènements et il marquera nos mémoires pour longtemps. En ce qui concerne le match, les joueurs ont produit le type de jeu que j’attends d’eux. J’étais très satisfait des joueurs, de tout le staff et de la population qui a été déçue par la récente prestation des Ivoiriens durant le CHAN. Nous avons donné de l’espoir à un pays qui rêve de participer à sa deuxième Coupe du Monde consécutive.

Cafonline.com : Le premier tour des qualifications a été un peu décevant avec trois victoires à la maison et trois nuls face au Botswana, à Madagascar et au Mozambique. Que s’est-il réellement passé ?

Vahid Halilhodzic : Décevant ! Pas du tout. Je suis arrivé en Côte d’Ivoire après la mini tournée au Japon. J’ai fait cette tournée avec 9 joueurs. Deux autres nous ont rejoint plus tard. Je n’avais aucune idée de ce qu’il se passait mais je m’étais engagé et je devais respecter cet engagement. Pendant le mois de juin, l’équipe a été ravagée par les blessures et la fatigue accumulée par les joueurs basés en Europe. Quand vous regardez les résultats, il faut également jeter un oeil aux circonstances. Vous savez ce n’est pas facile car toutes les équipes qui jouent contre la Côte d’Ivoire sont extrêmement motivées. comme vous le savez, plus le temps passe et plus les choses deviennent difficiles. Par exemple, le Nigéria est allé faire match nul au Mozambique lors de la première journée. Pour chacun de nos adversaires c’est un nouveau challenge à chaque fois. C’est comme ça dans le football de haut niveau. J’aimerais précisé que la Côte d’Ivoire n’a gagné la coupe d’Afrique des nations qu’en 1992. L’équipe a joué la finale en 2006 et elle a encore beaucoup à faire pour construire son image.

Cafonline.com : ce mois-ci vous jouez deux matchs à Conakry et à Ouagadougou. Si vous regardez à la même période l’an dernier, ce n’était pas une période favorable pour votre équipe. Certains nouveaux joueurs étaient fatigués d’autres étaient blessés suite à la fin des championnats européens. Comment voyez-vous les choses cette année ?

Vahid Halilhodzic : jouer au mois de juin est vraiment un gros handicap pour les équipes africaines. Certains joueurs finissent leur saison début mai et c’est très différent lorsqu’on a une équipe avec de nombreux blessés. C’est vrai que nos adversaires devraient faire face à la même situation mais pour moi il est dommage que nous devions jouer des matchs aussi importants à cette période de l’année. et je ne vous parle même pas des joueurs qui sont en train de renégocier leur contrat ou qui sont sur le point de changer de club. Parfois nous devons faire face à des vrais problèmes physiques et de concentration. C’est mon devoir de faire en sorte que tout se passe bien lors de nos prochaines confrontations.

Cafonline.com : le Burkina Faso a réalisé un incroyable exploit jusqu’ici avec un Moumouni Dagano au sommet de son art. Entre la Guinée et le Burkina Faso, laquelle des deux équipes devrait déposer le plus de problèmes ?

Vahid Halilhodzic : je prends les deux équipes très au sérieux. Elles rêvent comme nous d’être à la coupe du monde en Afrique du Sud ou dans le pire des cas de finir dans les trois premiers pour obtenir la qualification pour l’Angola. Ajoutez à cela l’anxiété générée par le fait que de tels matchs sont des derbys régionaux. ce sera difficile. Très difficile. Nous devrons être mentalement fort ; pour nous il est indispensable de gagner tous les matchs à domicile et de prendre un maximum de points à l’extérieur. Un match nul dans ces conditions est un bon résultat. Peut-être que vous n’aurez qu’un point, mais votre adversaire en perdra deux dont il avait absolument besoin pour rester compétitif. nous jouons tous les matchs pour gagner, mais un match nul est toujours un bon résultat quand il est obtenu à l’extérieur. Sur ce point, nous avons fait un bon parcours depuis le début des éliminatoires avec quatre victoires à domicile et trois matchs nuls à l’extérieur.

Cafonline.com : vous avez connu votre première expérience africaine au Maroc quand vous avez gagné la ligue des champions en 1997 avec le Raja Casablanca. En dix ans, qu’est-ce qui a changé dans le football africain ?

Vahid Halilhodzic : Il y a eu un changement considérable. beaucoup de choses ont changé en termes de rigueur, de discipline et de tactique. Ce n’est pas étonnant quand on sait qu’il a de plus en plus de joueurs africains qui évoluent dans des grands clubs européens. En retour, ils apportent leur savoir-faire et leur expérience à leurs équipes nationales. C’est une réalité aujourd’hui, plus qu’en 1997 même si les conditions de jeu et l’état des terrains par exemple n’était pas les mêmes.

Cafonline.com : selon, que manque-t-il au football africain pour qu’il soit à la place qu’il mérite ?

Vahid Halilhodzic : Je crois qu’il lui manque beaucoup de moyens financiers. Avec la volonté du monde et de l’Afrique elle-même, le continent ne serait pas dans le besoin mais au contraire, il serait en position de rivaliser avec les autres. Les ressources pour le sponsoring sont présentes dans les grands pays européens et au Brésil ou en Argentine. ces dernières années nous avons observé un changement constant dans la façon de jouer au football sur le continent. L’Égypte, double championne d’Afrique a fait match nul chez elle face à la Zambie par exemple. Les joueurs africains ont un bon niveau. Ils ont d’énormes qualités physiques et sont de plus en plus disciplinés dans le jeu. Ils ont également des buteurs exceptionnels ce que beaucoup de monde avait remarqué depuis longtemps.

Cafonline.com : ce qui concerne votre retour en Afrique, aviez-vous le choix ou s’agit-il d’un concours de circonstances ?

Vahid Halilhodzic : Au début j’avais plusieurs offres en particulier pour des sélections maghrébines. Puis il y a eu la Côte d’Ivoire. j’ai rencontré les dirigeants, j’ai hésité, puis j’ai étudié la composition de la sélection avec Drogba, Kalou, Yaya Toure et les autres. J’ai compris qu’il y avait un gros défi et un énorme potentiel. Vous l’ignorez certainement mais j’ai joué la coupe du monde 1982 en Espagne avec la Yougoslavie. nous avions été désignés comme favoris après le Brésil mais nous avons été éliminés au premier tour. C’était une grande déception pour nous. Revivant ce moment en tant que coach qui essaie de qualifier une équipe pour ce même événement, j’aborde les choses de façon prudente. Entrent aussi en compte les objectifs que je me fixe à moi-même. Les relations que j’entretiens sont basées sur la confiance et le travail.

Cafonline.com : pensez-vous qu’une sélection africaine puisse être championne en Afrique du Sud l’an prochain ?

Vahid Halilhodzic : Tout le travail que j’effectue avec la Côte d’Ivoire depuis un an a été fait dans cet objectif. Je suis certainement pas dans la meilleure des positions pour répondre à ce type de questions. Je ne peux pas affirmer ce genre de choses alors que le travail d’un footballeur exige d’énormes sacrifices. le talent lui-même ne suffit pas ; la discipline individuelle est essentielle. C’est pourquoi il est mieux de rester prudent. Une sélection africaine en demi-finale ou en finale. Ce sera merveilleux.en général je suis prudent et ne rêve pas à ce genre de choses. C’est le terrain qui a le dernier mot.

Cafonline.com : selon vous quelles vont être les cinq équipes africaines qui vont accompagner l’Afrique du Sud à la prochaine coupe du monde ?

Vahid Halilhodzic : Je peux me contenter de citer le nom des équipes dont on parle aux informations. En général c’est facile et pas très risqué. je sais qu’il y aura des surprises. Rappelez-vous ce qu’il s’est passé en 2006. Qui aurait dit que l’Angola, le Togo et la Côte d’Ivoire allaient se qualifier. Après seulement une journée d’éliminatoire il est encore possible de spéculer. la seule chose que je puisse vous dire est que je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour que la Côte d’Ivoire soit en Afrique du Sud...